À peine revenu d'un voyage au Manitoba, sa
province d'origine, après avoir accordé cinq entrevues dans une journée et
assisté à plusieurs rencontres avec des maisons de disques, Daniel Monkman — alias
Zoon — serait facilement pardonné s'il ne donnait que des réponses automatiques
ou évasives. Mais c'est plutôt un Daniel Monkman particulièrement animé qui
nous jase de ses projets sous les noms de Zoon et de Ombiigizi.
Blundstone : Vous avez sorti deux albums en
l'espace de quelques mois, l'un en tant que Zoon et l'autre en tant que membre
du duo Ombiigizi. On peut dire que ça roule fort !
Zoon : Ouais, il y a quatre jours, j'ai sorti
mon deuxième album intitulé Bekka Ma’iingan sous le nom de Zoon. J'ai présenté
quelques singles, environ quatre mois avant le lancement officiel, et ça a très
bien été. Les gens avaient hâte d'entendre mon dernier enregistrement, parce
que je n'avais produit aucun album au cours des trois dernières années.
J'ai sorti quelques EP, mais c'était plutôt du
genre expérimental. J'essayais de nouveaux sons, sans vraiment avoir de concept
précis pour un nouvel album. J'expérimentais différentes choses que je pourrais
développer à l'avenir, j'explorais des sonorités folk ou pop. Le nouvel album
représente une concrétisation de tout ce que j'ai ramassé pendant les quatre
dernières années.
Blundstone : Qu'arrive-t-il avec Ombiigizi et
votre premier album, Sewn Back Together (en nomination pour l'Album alternatif
de l'année aux Prix Juno) ?
Zoon : C'est un projet que j'ai initié avec
mon ami Anichinabé Adam Sturgeon. À la base, il s'agit d'un duo mais, lors des
sessions d'enregistrement, on invite des amis à se joindre à nous. On se
concentre surtout sur notre indigénéité pour mettre en lumière notre histoire.
C'est un sujet important pour nous, ça parle de choses que les autres membres
n'ont pas réellement vécu, et nous leur sommes reconnaissants de nous
laisser l'occasion de raconter notre
histoire.
Blundstone : Dans votre propre histoire, il y
eut un moment où vous avez dû prendre une pause n'est-ce pas ?
Zoon : Pendant dix ans, j'ai quitté la musique
pour essayer de vivre une vie normale, aller à l'école, me réaliser loin du
monde de la musique, pour trouver un sens à ma vie. Je travaillais pendant de
longues heures dans le domaine de la construction et je me suis fait cette
promesse : « Quand je serai prêt à refaire de la musique, si ça
fonctionne, je vais y travailler aussi fort que je le fais en ce moment. Je
vais me concentrer à 100 % sur ma musique. »
Dès que j'ai pu quitter mon travail de jour,
j'ai repris sérieusement la musique. J'ai pensé : « Il faut que cette fois
soit la bonne. Sinon je retourne laver des planchers. » Pas que je veuille
déprécier ce type de travail, c'est juste que je me vois ailleurs.
Je suis très reconnaissant. J'ai dû travailler
fort et faire beaucoup de sacrifices, c'est certain.
Zoon prévoit lancer son album vers la fin juin
à Toronto, puis il partira en tournée pendant l'été. Pour en savoir plus, suivez-le sur les
réseaux sociaux : @zoongideewin et @ombiigizi.