Quand Jessie Fuller, âgée de vingt-et-un ans, a décidé de partir seule vers le camp de base de l’Everest, on lui a conseillé de porter des bottes de randonnée de qualité. Jessie s’est alors procuré une paire de bottes dispendieuses (hautement recommandées), mais après quelques essais infructueux, elle s’aperçut qu’elles ne lui convenaient pas. À la place, elle emporta dans son sac ses fidèles Blundstone, prête à conquérir le monde dans des bottes simples et confortables.
Inspirée par les carnets de voyage de son papa, qu’elle avait l’habitude de lire à l’heure du coucher, Jessie a su très jeune qu’elle allait voyager et explorer le monde. D’un esprit libre et d’un caractère déterminé, Jessie avait décidé de faire de sa conquête de l’Everest en solo un événement mémorable, tout en faisant un pied de nez à tous ceux qui ne croyaient pas en elle. Elle s’envola vers le Népal sans plan précis, sauf de voir l’Everest, comme l’avait fait son père. C’était l’occasion de suivre ses traces — dans ses bottes préférées — et de trouver sa propre nature, en tant que femme, résolue et indépendante.
Elle a fait le trek du camp de base de l’Everest et celui du lac de Gokyo, deux circuits populaires auprès des mordus d’aventure. Toutefois, Jessie voulait faire les choses à sa manière, alors au lieu de s’envoler vers Lukla au Népal, point de départ d’un grand nombre de randonneurs, elle a décidé de partir plutôt du petit village de Jiri. C’est ainsi que, armée de sa volonté, de ses Blundstone et de son sac à dos, elle partit à l’aventure. « On me regardait souvent, raconte Jessie, et des randonneurs me demandaient pourquoi je portais de telles “pantoufles” mais, je pense qu’ils étaient un peu jaloux — à cause de mon look ». Sans parler du confort.
Elle a dû surmonter plusieurs défis, quelques fois même elle s’est perdue, « ce qui était assez terrifiant » car elle avait choisi de partir sans guide. Mais son courage et son intuition lui ont permis de toujours retrouver le bon chemin. Malgré sa décision de voyager en solo, il y eut des moments où elle s’est sentie seule, où la peur lui a fait douter de ses choix, où elle a presque donné raison à ses détracteurs, au point de laisser tomber son rêve.
Mais Jessie a persisté. Elle s’est entêtée, déterminée à profiter des beautés de l’Himalaya et du sentiment d’humilité qu’on ressent à proximité de si grosses montagnes.
Native d’un charmant petit village de Colombie-Britannique, Jessie est une habituée des randonnées pédestres et du ski dans les Rocheuses, où l’on se sent « petit comme une mouche ». Mais après avoir connu l’Everest, elle avoue que « rien ne se compare au fait de se retrouver seule dans l’Himalaya ». Elle a aussi beaucoup appris des gens qu’elle a rencontrés. Plusieurs familles de sherpas qu’elle a côtoyées sur son trajet ne possédaient presque rien, et pourtant « c’était les gens les plus heureux et les plus généreux ». Une expérience des plus enrichissantes.
Sans oublier les panoramas à couper le souffle de l’Everest. Jessie admet avoir été submergée émotivement face à une telle beauté et par la chance de pouvoir vivre au jour le jour ces histoires qu’elle avait lues dans son enfance.
« Ce voyage est probablement la chose la plus difficile que j’ai jamais faite », souligne Jessie, et malgré les périodes de découragement, elle recommanderait l’expérience à quiconque veut vivre une aventure inoubliable. En suivant son intuition et en ne laissant personne décider ce qu’on peut ou ce qu’on ne peut pas faire, on peut accomplir tout ce que notre cœur désire. « Soyez courageux et vivez le moment présent, parce que, si les mauvais moments viennent et vont, les bons moments viennent et vont aussi. »
Un pas après l’autre, Jessie et ses Blundstone ont conquis l’Everest, et c’est une expérience dont elle se souviendra toujours.